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Le descriptif

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L’atelier Bertrand Cattiaux est installé en Corrèze depuis 1998. Il est composé d’une équipe de neuf personnes.

Bertrand Cattiaux était auparavant installé dans la Vienne où il était associé pendant 20 ans avec Jean Loup Boisseau avec qui il a appris le métier. Durant cette association l’occasion leur a été donnée de restaurer des orgues historiques du plus haut intérêt, instruments de diverses époques et styles depuis le 16ème siècle jusqu’au 20ème siècle.

Cette expérience de la restauration a permis d’envisager la création d’instruments contemporains en s’inspirant des  techniques anciennes comme c’est le cas ici à Brunoy.

Pourquoi un tel orgue à Saint Médard

« Lorsque l’appel d’offre pour la construction de l’orgue de St Médard de Brunoy a été lancé, je me suis rendu sur place pour visiter l’église. Cette première visite est toujours très importante puisqu’elle conditionne le projet que l’on va établir en fonction d’un environnement architectural et sonore. Ici la prédominance du style Louis XVI me semblait imposer d’elle-même un meuble inspiré des buffets d’orgue de cette époque. C’est donc tout naturellement que je me suis inspiré de modèles existants sans toutefois chercher à les copier. Ainsi, le buffet que nous avons dessiné est une interprétation contemporaine des meubles de style Louis XVI. »

« Pour l’univers sonore, il m’a semblé tout de suite évident que le style français s’imposait de lui-même. Cependant je n’envisageais pas de recréer un orgue inspiré par des instruments de la seconde moitié du 18ème siècle, comme le magnifique orgue Clicquot de la cathédrale de Poitiers que j’ai eu la chance de restaurer avec J.L Boisseau. En effet, les sonorités des orgues de cette époque ne permettent pas d’aborder un vaste répertoire. J’ai donc orienté ma proposition vers le monde sonore des instruments du 17ème et de la première moitié du 18ème siècles, ces instruments étant plus « ouverts » et permettant de jouer le répertoire européen de cette époque. Je me suis inspiré de 2 orgues anciens :

  • l’orgue de Bolbec (76) datant de 1630, instrument du facteur d’origine écossaise Guillaume Lessellier, qui a travaillé souvent avec Titelouze, le plus grand organiste de la première moitié du 17ème siècle. De cet orgue, j’ai plutôt utilisé les jeux de principaux et les plein-jeux (ensembles très polyphoniques)
  • l’orgue de Houdan (78) de 1734, instrument de Louis Alexandre Clicquot, deuxième de la dynastie des Clicquot, les grands facteurs d’orgues parisiens du 18ème siècle. Ici, ce sont les bourdons et les flûtes ainsi que les anches qui m’ont inspiré. »

La conception technique de l’orgue

« C’est l’orgue François Henri Clicquot de la chapelle du château de Fontainebleau qui m’a guidé. Ce type d’instrument était très fréquent à Paris au 18ème siècle dans les couvents. Il présentait l’avantage d’offrir un maximum de possibilités pour un nombre minimum de jeux. Telle était bien la contrainte pour l’orgue de Brunoy. »

Le buffet

« Pour l’appel d’offres j’avais proposé 2 dessins de buffet, l’un avec un grand buffet et un positif de dos correspondant à la tradition de l’orgue français, l’autre ne comportant qu’un buffet. A chaque dessin  correspondait 1 orgue et une composition différents. La commission a choisi la proposition avec buffet unique car elle donnait plus de possibilités musicales. »  

Dans cet orgue de Brunoy, le plan sonore le plus développé est celui de positif (joué au premier clavier) dont les tuyaux se trouvent derrière les tuyaux de façade (montre 8’ du positif). Le plan de grand-orgue (joué au second clavier) se trouve au sol et certains de ses jeux servent aussi au plan de pédale. Enfin le cornet de récit (seul jeu du troisième clavier) se trouve sur le même sommier que le positif. Le buffet en noyer est assemblé traditionnellement (tenons – mortaises et chevilles). Il est peint aux couleurs de l’église : blanc-gris avec des moulures dorées à la feuille.

La console

Disposée en fenêtre dans le massif du buffet, elle présente trois claviers manuels : positif, grand-orgue et récit. Autre particularité, que l’on retrouve à Fontainebleau, l’étendue des claviers, avec 59 notes, est plus grande qu’habituellement : au lieu de commencer au do 1, on ajoute 3 notes supplémentaires dans la basse ; le clavier commence alors au la 0, ce qui donne une dimension et un effet de grand instrument pour un orgue qui est toutefois de dimension modeste. De même, le pédalier de 33 notes est étendu dans les basses jusqu’au la grave. Les accouplements des claviers, « en tiroir », présentent également une particularité visant à donner une plus grande souplesse des registrations possibles : Le positif peut être accouplé au grand-orgue ainsi que le récit. Mais il est également possible d’accoupler le grand-orgue sur le récit de cornet. Une tirasse permet de reporter les jeux du grand-orgue sur le pédalier ; ils complètent la soubasse de 16 pieds et  la flûte de 8 pieds, jeux dédiés à ce pédalier. Les touches des claviers sont plaquées d’os et les feintes sont en ébène. Les tirants de jeux,  situés de chaque côté des claviers, sont de section carrée et les pommeaux sont en bois tourné. Les noms des jeux sont inscrits de façon manuscrite sur du papier à l’ancienne

Les sommiers

Les sommiers à registres chromatiques à ravalement sont en chêne massif. Ils distribuent le vent aux tuyaux des 4 plans sonores. Deux soufflets cunéiformes à un pli, alimentés par un ventilateur électrique, donnent un vent vivant,dynamique et agréable. Ils sont placés à l’arrière de l’instrument. Les porte-vent qui alimentent les sommiers sont en châtaigner.

 

La mécanique

La mécanique des notes est de type suspendue : à pilotes foulants et balanciers pour le grand orgue, à vergettes et abrégé pour le positif, à vergettes et double-balanciers pour le récit et à vergettes et équerres pour la pédale.  Ce type de mécanique, à la fois précise et légère, permet à l’organiste de contrôler au mieux son toucher. La mécanique des tirages de jeux est à rouleaux et  balanciers en fer.

 

La tuyauterie

Les tuyaux sont en alliage d’étain et de plomb : à 85% d’étain pour les principaux et les anches et à 8% d’étain pour les bourdons et flûtes.  Ils sont martelés selon la tradition française. Les tuyaux de façade sont en alliage à 88% d’étain non martelés, ils sont brunis et polis. Les basses des jeux de bourdon 16’ et 8’ sont en chêne.

 

L’harmonie de l’orgue

L’harmonie de l’instrument est à mi-chemin entre l’orgue flamand polyphonique qui est à l’origine de l’orgue parisien du grand siècle et l’orgue français du XVIIIème siècle. Le tempérament est légèrement inégal. L’harmonie de l’instrument a été préparée en atelier après des essais dans l’église. Elle a été finalisée sur place, dans l’acoustique particulière de cette église.

L’ensemble sonne amplement, sans agression, avec des principaux très timbrés et ascendants, un plenum résolument polyphonique, des bourdons et flûtes ronds et chaleureux et des anches puissantes typiques de l’orgue français du grand siècle.

 

 

La composition de l’orgue

Positif : 59 notes du La 0 au Sol 5

Montre 8, Bourdon 8, Prestant 4, Flûte 4, Quarte 2, Nazard 2 2/3, Tierce 1 3/5, Cromorne 8, Plein-Jeu III à VI rangs

Grand-Orgue : 59 notes du La 0 au Sol 5

Bourdon 16, Flûte 8, Bourdon 8, Prestant 4, Doublette 2, Trompette 8, Voix Humaine 8, Fourniture II rangs

Récit : 33 notes du Do 3 au Sol 5

Cornet

 

Tremblant général doux

Pédalier

Pédalier (33 notes) : Bourdon 16, Flûte 8 (emprunts au Grand-Orgue), Trompette 8 (indépendante) et Tirasse grand-Orgue

Accouplements à tiroir : Positif/Grand-Orgue, Récit/Grand-Orgue, Grand-Orgue/Récit